Une structure de tuyaux métalliques et rigides se dresse verticale. Elle encadre un espace haut et profond. Ses tuyaux verticaux, par leurs répétitions, y délimitent quatre lieux. Ces lieux où la hauteur prédomine, sont soutenus latéralement par des obliques directionnellement opposées qui induisent à l’espace un rythme circulatoire. Cette structure est l’ossature d’un monde lisse que la lumière lunaire dévoile à la nuit. Structure métallique circulatoire, voilée de matières transparentes et blanches, en absorbant la lumière environnante, tu deviens ce monde lisse. Couloir lumineux, dans une pièce sombre, ton atmosphère invitante m’attire à travers toi. En te pénétrant, ta vue extérieure est soudainement contredite par un cycle de sensations dont je suis l’imagination.
Le plastique asphyxiant dont les douces vagues me frôlent, laisse transparaître l’agressivité de l’ossature, et la lumière fuyant à travers l’immatérialité s’accroche au métal comme à mon corps. Mon corps explose en de multiples reflets de moi-même. Je me retrouve tranquillement dans mon intérieur, nageant sur un coussin mou.
Le monde extérieur disparaît doucement derrière le flot vertical de translucidité moins étouffante. Mes reflets ne sont plus qu’une timide ombre qui se dessine transparente, sur la blancheur translucide. Je ne sens plus, de la structure, qu’un doux reflet métallique, lignes luisantes courant à travers la matière. C’est comme si je flottais sous l’eau ondulée de mes larmes.
Noyée sous ce flot de larmes, mon ombre disparaît avec la transparence. Le monde extérieur disparu, il fait un froid opaque. Immatérielle, je passe entre l’ombre de la matière plastique, forme sensuelle et humaine cachée derrière un mur de lumière et son reflet matérialisé. J’entre dans la lune. De l’extérieur, seule l’ombre des passants passe. Son reflet se matérialise comme celui de l’ombre du transparent. Mon ombre réapparue file sur lui. L’espace blanc-lunaire est infini. La structure est ensevelie. On ne voit plus que son ombre noire derrière la lumière. Mais un doux reflet métallique revient à travers elle. Je me retourne et la matière plastique me ramène à mon reflet diffus.
Une ouverture sombre m’attire hors de ma lune. Je marche sur l’ombre lumineuse. La structure et le vide m’entourent. Devant mon ombre, je me penche sous ma structure pour retourner vers l’extérieur, vide.
Couloir lumineux, je te laisse aux passants. Ceux qui passeront à l’extérieur n’auront qu’une vue extérieure de ta transparence sans savoir que leurs ombres se matérialisèrent dans ton intérieur. Ils participeront en tant qu’ombre chinoise au jeu théâtral de l’objet. Ceux qui te pénétreront, se retrouveront plongés dans leur monde intérieur nageant à travers toi. C’est l’individu, pris dans son monde, qui pénètre mon individualisme matérialisé et qui lui donne vie dans un jeu théâtral d’ombre et de lumière. C’est un dialogue avec la matière où l’individu, matière vivante et mobile, fait vibrer la matière qui le fait vibrer. Plus il y a d’individus, plus la matière, à l’intérieur, vit. C’est le théâtre blanc d’un reflet intérieur transparent du monde individualiste.