Terre
Feu Poisson d’argent
Exposée à la Galerie SKOL, Montréal (Québec), du 3 au 25 février 1990 et à la galerie d’OBSCURE Québec (Québec), du 16 mars au 1er avril 1990.
Pour cette installation, j’ai investi trois coins de mur de mon atelier en tant qu’objets-écrans ; trois mailles abstraites de la grille urbaine. Je les fracture avec des traits diagonaux; tiges de métal rouillé, soudées en forme d’« u ». Ces tiges sont accrochées par des pentures.
L’épaisseur du « u » permet d’y glisser des morceaux de verre. Je les choisis brisés avec au moins une tranche rectiligne; le souvenir du cadre dont ils sont issus; autre maille de la grille urbaine. Je les sélectionne aussi pour leur surface : miroir dégradé, verre dépoli, moulé par un motif de grille. Parfois je les égratigne avec des ratures tels les méandres des pierres-figures préhistoriques.
Je fabrique des trépieds d’éclairage avec les mêmes tiges de métal. Je placarde les murs blancs avec du papier goudron qui enveloppe ou borde l’ombre des morceaux de verre et des tiges.
L’œuvre se découvre en triptyque :
Terre : Je dessine au pastel sec et au conté des formes superposées issues de la silhouette des formes de verre brisé. Ce sont des formes animales inspirées des peintures rupestres. Le papier goudron est déchiré. De l’ombre à l’image mémoire ; naissance de l’inframince comme surgissement du représenté ; naissance de l’inframince. La reconnaissance de la silhouette de l’autre, de l’image de son ombre qui serait restées imprimée dans la pierre malgré sa disparition et celle de la lumière.
Feu : Ici, je découpe des retailles de verre rouge en forme de flammes. Le papier goudron est rectiligne et suit l’ombre des tiges croisées. Division, croisement, traits métalliques et projection de l’ombre brûlent sur les murs blancs de la maille urbaine.
Poisson d’argent : Un petit poème sur la salle de bain. En complémentarité de Terre et Feu, il réfère à l’eau, mais aussi à la photographie, la moisissure et l’insecte du même nom…jeu de mots, jeu de rappel.
Cette oeuvre fait suite à ma thèse de maitrise (1987) intitulée Inframince; terme défini par plusieurs Notes de MARCEL DUCHAMP. Thèse qui expose ma recherche à comprendre comment nos principaux outils de communication : l’écriture et la photographie, participent à la prolongation de notre distanciation du, plutôt qu’être dans, le milieu où nous sommes (engrenage contextuel d’un aplanissement progressif de l’espace 3D réel et sur lequel nous construisons un espèce d’hypercube-écran envahissant).
« On ne pense pas le feu, l’eau, la terre, le ciel, on les reconnaît et on les nomme puisqu’ils sont. »
ANTONIN ARTAUD, Héliogabale ou l’Anarchiste Couronné
Ombre : L’ombre est choisie, dessinée et complétée.